Comme à Paris, le succès des VTC dans la capitale égyptienne a fini par créer la polémique, relatait récemment la rédaction du Monde. Dans un pays en crise, les traditionnels taxis voient d’un mauvais œil leurs clients les délaisser pour Uber ou son homologue émirate Careem.
Les chauffeurs de taxi parisiens ne sont plus seuls. La guerre est déclarée entre leurs homologues cairotes et les concurrents de ceux-ci, les sociétés Uber et Careem. À deux reprises depuis le début de l’année, des dizaines de taxis ont bloqué l’une des artères principales du Caire pour protester contre cette concurrence jugée déloyale. Avec des slogans tels que « Sauvez-nous, monsieur le président », ils ont exhorté Abdel Fattah Al-Sissi d’intervenir personnellement pour interdire les services offerts par ces compagnies privées.
Des charges différentes
L’explosion du marché des VTC, apparus fin 2014 en Egypte, est en effet vécue comme une menace pour les 70 000 taxis égyptiens. Déjà frappés de plein fouet par les réductions de subventions énergétiques, ils se plaignent des avantages considérables dont les chauffeurs VTC disposent.
N’étant pas enregistrés comme véhicules de transport, les VTC échappent en effet aux taxes, assurances et autres droits d’entrée dans la profession. Ils peuvent ainsi pratiquer des prix inférieurs pour la course. « Ils prennent une partie de notre subsistance », plaide un chauffeur de taxi.
La colère a poussé certains chauffeurs à monter des embuscades contre les VTC. La police du Caire, convaincue par les arguments des taxis, traque elle-même leurs concurrents aux points de contrôle pour leur infliger des amendes, voire les déférer en justice. Après la dernière manifestation, les autorités égyptiennes ont fini par créer un comité interministériel pour se pencher sur le problème.
Un service qui rassure
Depuis leur arrivée sur le marché égyptien, la société Uber et sa concurrente émiratie Careem voient la demande exploser. Les classes moyenne et supérieure cairotes, urbaines et hyperconnectées, se ruent sur leurs applications. En décembre 2015, Uber a indiqué avoir atteint, en un an, le million de courses dans la capitale de 20 millions d’habitants. Son plus : offrir la rare possibilité de payer en espèces, pour se rendre accessible à une majorité d’Egyptiens (qui disposent d’un smartphone mais pas de compte en banque).
Uber, Careem ou Pink Ladies, un service sur mesure, sont même devenus la nouvelle coqueluche des femmes cairotes. Dans un pays champion du harcèlement sexuel, les femmes disent apprécier la sécurité que leur assurent l’identification des chauffeurs et le suivi des courses, notamment le soir. Les conducteurs de chez Uber sont sensibilisés par la compagnie à la problématique du harcèlement sexuel et unités à adopter une attitude respectueuse. Les taxis cairotes ont d’ailleurs bien compris qu’il était temps de changer leur image, et ont d’ores et déjà annoncé des formations similaires pour leurs chauffeurs.