Ne pouvant plus payer l’assurance des véhicules qu’elle leur loue, la société VPCAB, basée à Gennevilliers -Hauts-de-Seine) leur a demandé de rapporter leur outil de travail en partie déjà payé.
« On est écœurés. Cela ne va pas se passer comme cela… » Ce lundi, la colère gronde rue Traversière à Gennevilliers. « Ils sont tous partis… » pointe un homme en désignant le cube de béton qui abrite des locaux de la société VPCAB. La société, créée en 2015, loue aux chauffeurs VTC (Voitures de transport avec chauffeur) un peu plus de 600 voitures moyen et haut de gamme, principalement en région parisienne, mais aussi à Lyon, Antibes et Bordeaux.
Et si l’entreprise est vide ce lundi, c’est qu’elle a demandé à ses salariés -une trentaine de personnes- de ne pas venir travailler, à cause d’un contexte est particulièrement « tendu avec les chauffeurs », reconnaît un proche du dossier.
Car VPCAB, « en situation de cessation de paiement », ne peut plus payer les assurances. La société « a pour principale préoccupation d’assurer la sécurité de ses partenaires », indique-t-elle dans un communiqué sommaire, enjoignant ses clients à rapatrier leur véhicule.
D’où la présence d’une poignée de chauffeurs de la région, ce lundi en début d’après-midi. Dans la rue Traversière, une petite artère bordée de locaux commerciaux, une file de rutilantes berlines sombres, des Volkswagen Passat, Peugeot 508, Insigna et autres Volvo S60 scintillent sous le soleil. Quelques policiers en tenue d’intervention empêchent toute intrusion dans les locaux.
« Ces véhicules, on en a besoin pour bosser »
« Il y a eu une réunion vendredi et ensuite on a reçu ça… » gronde un chauffeur en montrant son portable.
« Cher client, nous sommes désolés de vous informer que VPCAB est dans l’incapacité financière de renouveler sa police d’assurance et que vos véhicules ne seront plus assurés à partir du 31 mars, annonce le texto. Nous avons pour principale préoccupation d’assurer votre sécurité et celle de vos clients. Ceci nous oblige à vous interdire tout usage de votre véhicule », poursuit la société, qui invite les chauffeurs à le « restituer entre le 26 et le 27 mars ».
LP/O.B.« Le problème c’est que ces véhicules, on en a besoin pour bosser, fulmine Noman. Et on est en train de les payer ! »
VPCAB loue ses voitures en longue durée (36 mois) avec option d’achat. L’entreprise paye aussi l’assurance de la voiture. La situation devient compliquée quand le chauffeur n’est pas encore propriétaire du véhicule.
« On paye 3 000 € de droit d’entrée, un apport en somme, et ensuite on règle environ 1 400 € par mois. Là, on doit ramener la voiture alors qu’il nous reste quelques mois à payer. On se retrouve sans rien », détaille Labady. « On est tous dans la même situation, appuie Mathieu. On est tous prisonniers de ce système. »
« On est sur le point de tout perdre »
« Il me reste six mois à financer. J’en suis à plus de 40 000 € pour une Passat, une voiture qui coûte 28 000 € chez un concessionnaire », soupire un chauffeur. Leur véhicule leur coûte donc plus de 60 % plus cher que « dans le commerce ». « C’est simple, poursuit ce trentenaire. Aucun d’entre nous n’a les moyens d’acheter une voiture de cette valeur et aucune banque ne veut nous suivre. Alors on rentre là-dedans et aujourd’hui on est sur le point de tout perdre. »
Ce conflit avec le loueur s’ajoute aux motifs de colère des chauffeurs de VTC déjà vent debout pour obtenir une amélioration de leurs conditions de travail.
Source : leparisien.fr