Mot du Président sur le situation de crise sanitaire

Paris le, 28 Mars 2020,

Quelques mots préalables, mes amis, pour vous dire que j’ai conscience des difficultés que vous endurez toutes et tous, que j’endure avec vous aussi sur le terrain au STM et à titre personnel, mais plus que tout, l’important en ces temps de difficultés inédites depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce sont nos proches, leurs santés immédiates, la préservation de leur devenir et celui de notre devenir.

Face à cette crise qui bouleverse, emporte, bouscule notre monde, il apparaît aussi opportun d’initier les pistes d’un travail de réflexion de fond, que nous développerons chaque semaine. Il y va de la préparation de notre avenir, tout comme de la compréhension de ce qui nous entoure.

Il nous faut savoir prendre un temps de recul et d’analyse pour mieux aborder et absorber le choc systémique que nous vivons en ces instants.

1- Sur l’aspect économique de la crise :

En premier lieu, la situation du secteur du Taxi a ceci de particulier qu’elle repose sur des artisans et petites entreprises n’ayant pas de structure dédiée à la gestion administrative/Ressource humaine des moyennes et grandes entreprises et que dans le contexte actuel, si les aides sont réelles, leurs accès peuvent être compliqués pour notre tissu économique. Cela vaut pour tout le secteur de l’artisanat et du commerce et c’est pourquoi, avant même le début du confinement nous avions exprimé cette problématique à nos gouvernants, le jeudi 12 mars en réunion Interministérielle.

En second lieu, force est de constater que l’activité du métier principal du taxi est à ce jour proche de zéro, affaire, tourisme, déplacement personnel et professionnel. Que la partie médicale ne subsiste que de manière résiduelle et avec d’énorme disparité territoriale. Ce secteur a perdu 70 % à 80 % de son activité en moyenne, si ce n’est pire.

Tertio, nous avons d’ores et déjà un regard sur la sortie de crise qui, selon nos projections s’avéra extrêmement difficile pour le secteur et ceux qui lui sont apparentés. En effet, autant la partie du transport de malade devrait reprendre rapidement un rythme conforme à la situation initiale, autant la partie tourisme et professionnelle devraient voir durablement son activité affectée. On peut prévoir un effondrement des flux touristiques, notamment sur la région Asie Pacifique et ou Indo Pacifique, idem sur les dessertes de l’Amérique du Nord, avec un impact direct à court et moyen terme pour les taxis des métropoles, Paris en tête.

Il en sera de même pour la partie professionnelle où les conséquences du confinement devraient entraîner une baisse des déplacements professionnels, le tout corrélé avec la baisse d’activité économique, enchaînant un cercle négatif pour les 3 années à venir. En bref, nous avons une corrélation directe entre notre activité, celle de la partie affaire, des compagnies aériennes, voyagistes, ferroviaires, Hôtelleries. Nous le voyons nous sommes dans une situation d’interdépendance et d’interaction économique et que l’on ne s’y trompe pas, les effets de la crise sanitaire actuelle seront durables par le biais des changements comportementaux induits. C’est la résilience de notre secteur d’activité qui en est atteinte !

J’en termine par la question du report des charges et les autres mesures d’accompagnement qui sont des premières bonnes initiatives, mais ce qui se profile en termes de perte d’activité, ne doit pas se limiter au report des charges mais à leurs annulations.

Permettez-moi ce truisme, mais l’annulation sur 3 mois de la totalité des charges, TVA, impôts permettrait de faire face à la situation actuelle de façon pérenne, cela renforcerait la sortie de crise par le choc de confiance que cela provoquerait, mettrait ainsi fin à l’incertitude des conséquences immédiates de la crise.
N’en doutons pas, l’heure de la demi-mesure est derrière nous.

2-Sur les éléments de la crise sanitaire :

Nous avons demandé la mise en place d’un cadre national pour la continuité de la desserte territoriale, un plan de transport en bonne et due forme, tant pour les patients, que pour le personnel soignant mais aussi pour les personnes isolées, proposant avec nos amis de FNTI et la FNAT la mise en place d’une action sous l’égide du ministère des transports et de la CPAM. L’UNT a aussi fait des propositions d’écriture de décret pour résoudre quelques difficultés d’exercice de la profession en ces temps tourmentés.

Nous regrettons de ne pas avoir de réponse à ce jour, conformément aux déclarations du Président de la République, ayant au contraire un Secrétaire d’État aux transports renvoyant aux initiatives locales et aux bonnes volontés individuelles tout en nous challengeant avec des plateformes de VTC.

On s’interroge sur la prise de responsabilité des mêmes, qui la semaine précédant le confinement n’avaient de cesse que de sauver le « soldat Uber » suite à la décision de la cour de cassation du 4 mars 2020 qui requalifiait un chauffeur de cette plateforme en salarier, sans se soucier pour autant des mesures sanitaires, d’un plan de transport, d’une réquisition pour le bien des citoyens et de la nation.

Nous attendons les suites de la conférence d’hier matin pour y voir plus clair sur les réelles intentions du gouvernement.

Les taxis sont, sans directives, sans éléments de protection, sans modalité de participation et que l’on ne nous dit pas que l’état viendra à notre secours, nous ne sommes pas Air France et nous ne bénéficierons pas d’une nationalisation.

L’État doit sans délai, inclure les taxis dans les prioritaires des éléments de protection pour les soignants, les malades eux-mêmes et leurs familles et mettre en place au plus vite une planification du transport sur le plan national avec une déclinaison territoriale afin d’éviter les initiatives de certaines autorités locales ou régionales qui sortent du cadre réglementaire.

On ne peut entendre et je ne peux entendre que ce plan n’existe pas, car après l’incurie qui nous a valu de passer d’un stock de 760 millions de masques de haute protection pour la sécurité nationale à rien ou presque rien se rajouterait l’incurie de ne pas avoir de plan de continuité des services essentiels en temps de crise.

Je ne peux m’y résoudre personnellement, ni au nom de mes concitoyens.

Bien à vous mes amis et prenez soin de vos proches !

Le Président
Rachid BOUDJEMA

Aya ASSAS
Author: Aya ASSAS

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