Chaque jour, à l’aéroport de Roissy, les taxis officiels font, en moyenne, 7.000 à 8.000 prises en charge.
Avec ou sans racoleurs, les taxis clandestins ciblent essentiellement les clients fortunés dans les aéroports parisiens, en pratiquant des tarifs bien plus élevés que la normale. Une opération de police est en cours pour « déstabiliser » ce marché illégal.
Dans leur voiture banalisée, les policiers scrutent les files de véhicules devant les terminaux avec une mission : « faire du flagrant délit » pour enrayer le marché des taxis clandestins aux abords de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Ces chauffeurs qui viennent racoler illégalement des voyageurs dans les aérogares « sont très organisés », souligne Fred, qui fait partie de la vingtaine de fonctionnaires de la police des taxis – les « Boers » – basés à l’aéroport. Ils ciblent la clientèle fortunée, en guettant notamment « les arrivées en provenance de Dubaï ou Francfort », et se préviennent entre eux, en temps réel, lorsque la police tourne, explique Fred, en civil et accompagné par deux autres fonctionnaires de la préfecture de police de Paris. Ces derniers sont venus en renfort dans le cadre d’une opération destinée à « déstabiliser » le marché des taxis clandestins.
« Jusqu’à 120 euros le trajet »
Elle vise les chauffeurs qui s’affranchissent de la régulation stricte du transport de personnes : VTC qui prennent en charge des clients sans réservation préalable, voire particuliers qui s’improvisent taxi et font payer à la tête du client. Avec ou sans l’aide de racoleurs qui démarchent les passagers au niveau des sorties. « Ils se font de l’argent facilement et rapidement, en facturant jusqu’à 120 euros un trajet jusqu’à Paris », alors que le forfait applicable entre Roissy et Paris va habituellement de 50 à 55 euros, explique Fred. Tout cela, au nez et à la barbe des taxis, tenus de rejoindre une file d’attente, parfois jusqu’à cinq heures, avant de prendre en charge un client à l’aéroport Charles-de-Gaulle. L’enjeu est d’importance : chaque jour à Roissy, les taxis font en moyenne 7.000 à 8.000 prises en charge. Les racoleurs ? Un « fléau », une « sangsue », peste une chauffeuse de taxi. « Nous on paie la licence, la voiture, la sécurité sociale, les impôts… », énumère-t-elle, en refusant, comme ses collègues, de donner son nom. Depuis le début de l’année, selon la préfecture déléguée aux aéroports, 425 chauffeurs ont été interpellés à Roissy pour infraction aux règles de prise en charge et travail illégal, dont 41 pour exercice illégal de l’activité de taxi.