Profitant de l’affluence de l’Euro, un nombre inquiétant de particuliers se sont improvisés « chauffeurs de taxi » pour exercer une concurrence illicite au transport de personnes. Parfois de façon agressive, comme dans les Hauts-de-France.
Déambuler dans Lens en ces jours d’Euro, c’est presque l’assurance de se faire aborder pour… une course de taxi.
Selon le quotidien La Voix du Nord, certains poussent le culot jusqu’à tenir une pancarte nullement équivoque, sous le nez des taxis professionnels et même des forces de police, concentrées sur le maintien de l’ordre. Mais le ton monte et des échanges très tendus opposent ces clandestins et les taxis qui paient pour exercer leur profession. C’est que le marché est juteux. Pas de licence, pas de droit d’exercer à payer, pas de charges, tarifs fantaisistes… L’un de ces chauffeurs illégaux n’aurait pas hésité à louer un véhicule huit places pour « exercer ». Une location à 80 € / jour et une course pour Lille négociée 400 €, les trajets pouvant être effectués plusieurs fois dans la journée.
Vifs échanges
Au fil des jours, les opportunistes ont été de plus en plus nombreux comme l’a constaté Christine Turbert, taxi de profession :
« Ils viennent nous piquer les clients devant la gare ou dans les hôtels. On travaille certes bien durant l’Euro, mais moi, je paie le RSI et un droit pour exercer mon métier. J’en vois même avec un A jeune conducteur. Nous, il faut deux ans de permis pour exercer. Vous pouvez être sûr que samedi à 15 heures, ils sont partout, notamment dans les hôtels. »
Un confrère raconte avoir eu des échanges verbaux très tendus avec cette concurrence déloyale :
« Ils profitent de la situation pour arnaquer les gens. Les tarifs peuvent aller du simple au double. Je suis tombé sur deux d’entre eux à l’entrée d’un hôtel: je leur ai exprimé ma façon de penser, et ils ont menacé de cramer ma voiture. »
Des incidents plus sérieux encore ne constitueraient pas une surprise.
L’UNT 59 en appelle à la préfecture de Lille
Dans un courrier adressé le 27 juin au préfet de Lille, le représentant de l’UNT 59 Bruno Lambrechts énonce également des problèmes similaires dans le chef-lieu des Hauts-de-France.
« Les clandestins sont très nombreux sur Lille : plus de 50 voitures. Ils maraudent à côté des taxis, récupèrent sans scrupules les clients à la sortie du stade, encaissent l’argent devant nous et les forces de police, squattent les parkings d’hôtels de l’aéroport, prennent en charge des clients qui ont réservé des taxis, nous agressent… C’est de la folie. »
Se faisant la voix de taxis lillois profondément éprouvés, Bruno Lambrechts en a appelé à des réactions rapides de la part des forces de l’ordre sur Lille et Villeneuve-d’Ascq. Notamment pour le week-end du 2-3 juillet, craignant qu’à la vitesse où les taxis clandestins se sont déployés lors des derniers matchs, « la situation ne devienne incontrôlable ».
De vraies sanctions pour les faux taxis
Appelant à la vigilance de tous face aux taxis clandestins, les services préfectoraux ont réassuré l’implication des autorités dans la lutte anti-fraude (services de police, gendarmerie, Urssaf) :
« En cette période de l’Euro, la lutte contre l’activité illégale de taxi fait partie des points de vigilance des services de l’État, en particulier des services de police affectés au secteur de Lens et qui patrouillent dans ces secteurs. Un travail en réseau avec les autres services s’effectue également car les individus exerçant cette activité illégale se déplacent dans l’ensemble du département voire hors département. »
Pour rappel, l’exercice de l’activité de taxi sans carte professionnelle valide est constitutif d’une infraction de 5eclasse (1 500 € ou 3 000 € en cas de récidive). L’exercice illégal de l’activité de taxi et l’absence d’autorisation de stationnement sont eux passibles d’un an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende. La sanction encourue est la même en cas d’absence d’inscription au registre.